Génération précaire

Quand je me suis levé ce matin je me suis demandé pourquoi j’allais en cours, à quoi ça allais me servir ? Nous avions fait une étude de marché en cas pratique de notre cours sur les questionnaires et autres études concernant notre possibilité de trouver du travail. Le prof nous avait dit « une étude ce sont des chiffres qu’il faut interprété, et il y a plusieurs interprétations possible ».
Au vu des chiffres notre professeur nous à démontrer en classe que le potentiel d’emploi sur la ville nous était favorable, malheureusement, tordu comme je suis, je n’ai pas réussit à obtenir le même résultat avec les mêmes chiffres. J’ai du rater un cours.
J’ai abandonner la formation en milieu de deuxième année, pour une raison simple, je ne voyais pas de futur. Ce que le prof ne nous à pas dit, c’est que, comme à l’armée, le moral des troupes est très important pour la victoire, si elles se rendent compte qu’il est impossible de gagner tout le monde déserte. Malheureusement pour les petits soldats du travail, la guerre à été perdue, 10% des effectifs ont réussit à vaincre notre pire ennemi, le chômage, les autres sont aller directement gonfler les rangs de l’ANPE.
Pas de regret pour ma part, et ce matin, quand je me suis levé, en repensant à tout ça, ce n’était pas pour me dire que j’avais perdu mon temps en cours, ou que j’avais perdu mon temps en arrêtant les cours, ou que je perdais mon temps à chercher du boulot depuis. Non, c’était pour me dire que notre génération, sur-formée, est une génération précaire.
Je ne parle pas d’emploi précaire, mais bien de génération.
Tout commence au lycée, les filières sont bouchées, on ne peux pas étudier ce que l’on veut mais plutôt telle, ou telle branche parce qu’a la sortie on nous jure que l’on trouvera un boulot. On commence à se sentir mal dans sa peau, les rêves d’enfance s’évanouissent, et on compense, en alcool, en drogue, en fille, et cassant. On se prépare, non pas à vivre, mais à lutter contre les mauvaises passes constantes de la vie.
En cours de lycée on nous dit qu’il est impossible de changer de branche, parce que c’est parti, on va suivre la même formation jusqu'à Bac+2 minimum et on trouvera un boulot dans la même branche. On commence à admettre que l’on n’est pas tout a fait des hommes, mais plutôt des appareils à haute capacité autonome capable de dévier un peu de leur fonction d’origine mais pas trop.
Les études supérieures ne font que renforcer cette idée, les avocats et autre cadres d’entreprises voterons à droite, les secrétaires et autres assistants voterons à gauche, le ouvriers eux… c’est le bas peuple, au lycée général ceux qui étaient au lycée technologique était déjà moins bien que nous.
Bref, avant d’en arriver au travail voyons un peu ou nous en sommes.
Un logement ? Oui, mais précaire, nous sommes étudiants, 9m² suffirons bien, ou la chambre chez les parents si il y a encore moins de sous.
Une copine ? Oui mais précaire, soit parce qu’il y a d’autres garçons plus beau, ou plus intelligent, ou plus riche, ou tout simplement parce qu’elle ne nous aime plus et puis c’est tout.
Des aides de l’Etat ? Oui mais précaires, qui sais si d’un an sur l’autre un chef de gouvernement ne va pas nous remanier tout ça et voir notre financement à la baisse.
La bouffe ? Oui mais précaire, vous avez déjà essayé de faire cuire un sauté de veau avec des patates et des petits oignons dans un micro-ondes ?
Et hop, nous voilà dans le monde du travail, déjà bien habitué à ne pas avoir le strict minimum vital pour prévoir des lendemains meilleurs.
Les parents ont un appartement, il y à une chambre pour eux, une chambre pour les enfants, une grande cuisine qui peut servir de salle a manger ou/et un salon. Ils ont travaillé quelques années avant de pouvoir se loger dans cet appartement, mais ils y sont arrivés, certains l’on même acheté.
Nous, nous sommes dans 15m², nette amélioration par rapport à notre 9m² précédent, nous n’avons pas de chambre, pas de cuisine, pas de salon, mais surtout, il nous est impossible de savoir si nous allons pouvoir en avoir un plus grand ensuite.
Nous avons un travail, ou nous n’en avons pas. Nous sommes tout jeune sorti de l’école donc nous commençons au prix plancher, le SMIC, pour les chanceux en CDI, pour les un peu moins chanceux en quelque chose à court terme, qui dure ou ne dure pas.
Ceux qui sont en CDI craignent que leur entreprise ferme, ou de se faire virer pour compression de personnel.
Ceux qui sont en « emploi libre » craignent ne pas retrouver un autre poste à la fin du premier contrat.
Nos copines sont dans le même cas que nous, mais, en plus, elles craignent que nous n’ayons plus d’emploi et réfléchissent à ce qu’elles feraient dans un tel cas.
Notre propriétaire ce dit que son fils paye plus cher en loyer que ce qu’il nous fait payer, il se demande si il devrait augmenter radicalement notre loyer, ou tout simplement nous foutre à la porte.
Notre banquier à tellement pris l’habitude de voir un moins sur notre compte qu’il ne nous appelle que lorsque le moins dépasse la moitié de notre salaire.
Vous avez bien compris que ceux qui n’ont pas d’emploi rencontrent les mêmes problèmes, mais sans la partie « copine », qui les a déjà quitté il y a longtemps si toutefois il y en avait une au départ.
Voyons ou nous en sommes.
Nous avons 35/40 ans, nous sommes toujours au SMIC, pour ceux qui travaillent, parce que notre entreprise menace de fermer si elle nous augmente, il arrive d’ailleurs fréquemment qu’elle menace de fermer tout court même si on ne demande rien. Les autres ? On en parle même plus, le RMIste est devenu alcolo et ne risque pas de trouver un boulot, « l’emploi libre » est devenu dépressif et vide les comptes de la sécu en allant chez le psy. Nous habitons un 30 mètres carré, grâce à des amis, ou a une recherche très poussée nous avons fini par trouvé un appartement un peu plus grand pour le même prix. Il y a une chambre et une cuisine/salle à mangé, mais toujours pas de place pour le bébé, pourtant il est né hier, il faut bien que ça arrive un jour. Si on a de la chance quand il sera grand on aura trouver une maison un petit peu plus grande. Dans le cas contraire sa vie débutera de manière encore plus précaire que la notre.