Carnet de travail

Introduction

Que ce soit dans le cadre d'un travail photographique en paysage ou en sport, je n'ai qu'une seule méthode, la capture de "l'instant". La profondeur de champs, la netteté, la colorimétrie et le contraste sont bien sur important. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, mais je me référerais à ce que j'ai lut sur Cartier Bresson et Doisneau. HCB disait que la photographie immortalisait un instant unique, d'ailleurs une de ces biographies dit qu'il était particulièrement attentif et utilisait son Leica comme le prolongement de son bras. Doisneau si je me souviens bien à dit une phrase extraordinaire "une image se prend en quelques millième de secondes, si on mettait tous les instants que j'ai photographié bout à bout, cela tiendrais tout au plus en quelques heures"
Bien que cela n'est rien à voir avec la photographie, ce qui m'a fait comprendre ce que je ressentait en "regardant" c'est le film American Beauty. Beau film entre autre mais surtout une phrase particulièrement percutante "il y a tant de beauté en ce monde que s'en est insoutenable".
Que j'appuie sur le bouton de mon appareil au millième de seconde ou le surfeur est en l'air, ou au vingtième de seconde lorsque l'actrice de la pièce de théâtre mime une tragédie, à la seconde ou le soleil se couche, l'idée est toujours la même. Cet instant de pression est unique et beau, à cette seconde je ne suis pas là, je suis dans mon viseur et ce qui est dans la lucarne est la seule chose qui compte sur terre.
L'instantané de beauté est partout, dans tout, et à tout moment. Les enfants s'émerveillent de tout et peuvent réagir en un instant à quelque chose qui nous parait fade. C'est notre habitude de voir qui nous empêche de nous émerveiller, je voudrais réapprendre à ne plus trouver dans un étal de tomate que des produits comestibles sans intérêt visuels. A la seconde ou je les regarde elles sont rouges, vertes, la lampe au dessus les fait briller sur une bordure, la planche en bois qui les séparent des courgettes est terne, usée, elle créée un contraste qui met en valeur la luminosité qui se dégage de la tomate fraiche, et une fois la photographie développée je m'aperçois qu'une gouttelette d'eau, venue de la tige, brille comme un diamant. Je viens de décrire en quelques mots 1/500ème de seconde, ouverture F 5, ISO 400, 50mm, si j'avais eu à cet instant un appareil photo dans la main. Je viens de décrire ce que nous voyons, à chaque fois que nous faisons nos courses rayon légume, sans jamais nous en apercevoir.

Paysages / Villes

Une grande partie de mon travail est la photographie de paysages, aussi bien urbains que naturels. C'est une de mes photos personnelles qui m'a le plus marqué sur le sujet (sans être égocentrique), une de mes premières photos prise avec un numérique bas de gamme en 1999, aucun réglage possible, juste un objectif, un bouton, et une image de quelques Ko. Mais... C'est l'hors d'une visite commentée de Pointe à Pitre, avec un architecte, sur le bâtiment (à l'époque) de la Sécurité Sociale, sale, extrêmement moche à première vue, ou j'ai choisit un cadrage de travers, en contre plongée... une pure merveille de découverte du "beau dans l'ordinaire". Une œuvre d'art de photo pour une ex-œuvre d'art de bâtiment.
Je crois que ça à été la preuve que même un bloc de béton peut être photogénique.

Paysages / Campagnes

La campagne est, à mon gout, un lieu particulièrement difficile à photographier. Le pire ce sont les champs, lisses, plats, pour moi un vide total, désespérant.
La foret, ces ombres sombres, ces arbres rapprochés, ces plantes sauvages, autant de fouillis d'ou il est dur de tirer un esprit du moment.
Les montagnes des Alpes sont "évidentes", leurs pics droit, leurs roches brutes, la couleur grise ou jaunâtre du sol qui contraste avec le vert des sapins, tout le contraire des Pyrénées et de ces montagnes rondes, de sa verdure constante heureusement multicolore entre les champs de blés, de mais ou en jachère.
Mon regard divague, recherche le détail dans les champs, l'unité et la lumière dans le foret, vu de prés dans les Alpes, entre deux montagnes qui se touchent presque, grand angle dans les Pyrénées ou les couleurs des champs font penser à un arc en ciel en petits carrés.
Rien que de l'ordinaire pour certains, rien que du beau pour d'autres.

Animaux

Photographier un animal, c'est partir à la chasse, je le vise, j'appuis, et sa position, son âge, sont figés à jamais sur ma carte mémoire (adieu l'argentique).
L'animal est spontané, il sent le regard qui le vise, il s'en méfie, l'objectif pointé sur lui, j’attends. Une bonne photo, c'est comme un bon tir, on touche sa cible à l'endroit qui la figera sur place, le coup le plus difficile est dans l'élan, tout bouge et les fractions de secondes entre la vision, la pression et la prise de vue sont capitale pour obtenir le résultat voulut.
La photographie animale, c'est tout en même temps, la lenteur de l'attente, ou la rapidité de l'instant, la statue qu'il peut être, ou la vitesse de ces réactions. Alors que les sports humains se référents à des règles, l'animal n'a de limite que ces capacités physiques, chaque instant peut être totalement inattendu.

Sport

Le sport est... Sportif, pour le photographe. L'œil dans le viseur, le doigt sur le déclencheur, prêt ? Top ! Et celle là il vaut mieux ne pas la rater, tout le monde s'élance et le photographe n'a qu'un seul viseur, l'œil droit suit un mouvement et l'œil gauche en capte un autre, mais il est trop tard, il aurait fallut un appareil photo dans l'œil gauche aussi. J'ai suivit les hockeyeurs de Gap pendant presque 6 mois, trois fois par semaine. Il m'a fallut un mois pour comprendre qu'il y avait un changement de joueurs toutes les 10 minutes, c'est à peine si j'avais le temps de comprendre ce qui ce passait.
J'ai expliqué à un ami la création du flou derrière les voitures de courses, le suivit de la voiture, le déclenchement de l'obturateur tout en poursuivant le mouvement du corps, ce n'est pas si facile.
J'ai bien cru que j'allais mourir de froid, au pied d'un mur de glace dans les Hautes Alpes, que j'allais me prendre une voiture en photographiant un rallye dans un virage, j'ai vu un palet de hockey passer a quelques centimètres de mon objectif, j'ai grillé au soleil de midi face à une mer couverte de surfeurs.
C'est avec plaisir que je recommencerais tout ça, parce que la photo de sport est le summum de la capture de "l'instantané".

Photos de nuit / Théâtre

Silence on tourne ! Attention, il fait sombre, la vitesse d'obturation est lente, tous les mouvements du corps tendent à créer un flou. Une inspiration, une expiration, et dans un battement de cœur on appuis sur le déclencheur. Nous sommes au monde de la photo de nuit, sans pied, sans flash, sans aide de mise au point.
La photo de nuit sur des bâtiments est en soit assez simple, il est tout a fait possible de mettre un pied, de cadrer, bloquer, et déclencher ensuite. La photo de théâtre est beaucoup moins évidente, les acteurs bougent, régler un pied prendrais trop de temps. Tout bouge, même si c'est imperceptible, à une vitesse de 1/10eme de seconde, un battement de cœur rend une photo floue. Le simple fait d'appuyer sur le bouton fait bouger l'appareil.

Personnages

Je vais tout de suite parler des sujets qui fâchent. Je ne photographie pas les célébrités, les stars ou les hommes politiques à l'insu de leurs pleins grés. Je ne fais pas non plus de photos de mode, de charmes ou tout autres prises de vue sois disant artistiques mettant en scène des femmes sobrement habillées ou nue. Si c'était le cas je prendrais pour exemple la photographie de Dora Mar
Maintenant que c'est réglé on va pouvoir parler de photographe de gens "normaux".
Un mariage, des gens qui courent dans le métro, des touristes sur une plage, un guide dans une base nautique. Monsieur "personne" devient un sujet de reportage photo. La seule chose qui décide "qui" photographier et "quand" c'est le hasard de la rencontre.